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Éducation au Yémen : enjeux, défis et espoirs

Le Yémen, pays en proie à une guerre dévastatrice depuis 2015, connaît l’une des plus graves crises humanitaires et éducatives au monde. Le système éducatif yéménite, déjà fragile avant le conflit, est aujourd’hui à l’agonie. Entre infrastructures détruites, enseignants non rémunérés, enfants déscolarisés et disparités régionales croissantes, l’éducation au Yémen est confrontée à des défis immenses. Pourtant, malgré la guerre, des efforts de résilience et des initiatives d’espoir continuent de voir le jour.

Un système éducatif affaibli avant le conflit

Avant même le déclenchement de la guerre civile en 2015, le système éducatif au Yémen souffrait de nombreux problèmes structurels : manque de ressources, insuffisance des infrastructures, pénurie d’enseignants qualifiés, taux de décrochage élevé, et disparités marquées entre les zones urbaines et rurales. Le taux d’alphabétisation des adultes était estimé à environ 70 %, avec des écarts de genre importants — les filles étant moins scolarisées que les garçons, en particulier dans les zones rurales.

Le Yémen offrait une éducation gratuite et obligatoire de l’école primaire jusqu’au secondaire, mais en pratique, l’application de ces principes restait inégale, notamment dans les régions les plus pauvres.

Impact dévastateur de la guerre sur l’éducation

Depuis le début du conflit armé en 2015, la situation de l’éducation au Yémen s’est gravement détériorée. Des milliers d’écoles ont été partiellement ou totalement détruites par les bombardements, occupées par des groupes armés, ou utilisées comme abris pour les populations déplacées.

Selon l’UNICEF, plus de 2 millions d’enfants yéménites sont actuellement déscolarisés. De nombreux enseignants, dont les salaires ne sont plus versés depuis plusieurs années, ont abandonné leurs fonctions ou doivent exercer d’autres activités pour survivre. Le conflit a également entraîné un exode des cadres éducatifs qualifiés.

Les enfants qui restent à l’école sont confrontés à des conditions d’apprentissage précaires : classes surchargées, absence de matériel pédagogique, manque de sécurité, et traumatisme psychologique dû à la guerre.

Inégalités régionales et disparités de genre

Les inégalités d’accès à l’éducation sont plus marquées que jamais. Les régions urbaines relativement stables offrent encore une certaine continuité scolaire, mais dans les zones rurales ou de conflit, l’école est souvent inaccessible. Les filles sont particulièrement touchées : mariages précoces, pauvreté, et normes culturelles limitent fortement leur scolarisation, notamment au secondaire.

Les enfants déplacés à l’intérieur du pays rencontrent des obstacles majeurs pour poursuivre leur scolarité. L’absence de documents administratifs, la mobilité constante et l’insécurité limitent leur accès à l’éducation.

L’enseignement supérieur en crise

Les universités yéménites, autrefois reconnues à l’échelle régionale, sont elles aussi frappées de plein fouet par le conflit. Certaines institutions sont fermées, d’autres fonctionnent partiellement sans ressources suffisantes. La fuite des cerveaux est un problème majeur : de nombreux étudiants et enseignants ont quitté le pays ou abandonné leurs études.

La recherche scientifique est quasi inexistante, et les partenariats internationaux sont interrompus, ce qui isole davantage les établissements d’enseignement supérieur.

Rôle des organisations humanitaires et internationales

Face à l’effondrement du système éducatif national, plusieurs ONG et agences onusiennes comme l’UNICEF, Save the Children ou l’UNESCO ont lancé des programmes de soutien à l’éducation d’urgence. Ces actions comprennent :

  • La réhabilitation et la construction d’écoles temporaires.
  • La distribution de fournitures scolaires et de kits d’hygiène.
  • Le soutien psychologique aux enfants traumatisés.
  • La formation accélérée des enseignants bénévoles.

Ces initiatives permettent à des centaines de milliers d’enfants d’accéder à un minimum d’éducation, mais elles ne remplacent pas une politique éducative stable et cohérente au niveau national.

Initiatives communautaires et résilience locale

Dans de nombreuses régions, la communauté locale se mobilise pour maintenir l’enseignement. Des écoles informelles sont créées dans des mosquées, des tentes ou des maisons. Des enseignants volontaires continuent de transmettre le savoir, parfois sans être rémunérés. Ces efforts démontrent la volonté du peuple yéménite de préserver l’éducation, malgré les circonstances.

Des initiatives en ligne, bien que limitées par le faible accès à Internet, ont également vu le jour pour proposer un apprentissage à distance. La diaspora yéménite joue un rôle croissant dans le soutien financier et technique à ces projets éducatifs alternatifs.

Perspectives et priorités pour reconstruire l’éducation

La reconstruction du système éducatif yéménite nécessite une paix durable et une volonté politique forte. Parmi les priorités :

  • La réhabilitation des infrastructures scolaires.
  • Le paiement régulier des enseignants.
  • La réduction des inégalités de genre et régionales.
  • La réforme des programmes éducatifs, axés sur la paix et la résilience.
  • Le renforcement de la gouvernance éducative.

Le soutien de la communauté internationale, en coordination avec les autorités locales et les acteurs de terrain, sera indispensable pour bâtir une éducation inclusive et durable au Yémen.

Conclusion

L’éducation au Yémen traverse une crise sans précédent, mais elle reste un pilier essentiel pour préparer la reconstruction du pays. Investir dans l’éducation, même en temps de guerre, c’est miser sur l’avenir, la paix et le développement durable. Les enfants yéménites méritent une chance d’apprendre, de rêver et de bâtir un meilleur avenir pour eux-mêmes et leur pays.