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Les langues parlées au Yémen : richesse linguistique et diversité culturelle

Le Yémen, pays de la péninsule arabique riche en histoire, possède un patrimoine linguistique complexe et fascinant. Si l’arabe est la langue officielle et la plus parlée, plusieurs langues anciennes et dialectes subsistent, notamment dans les régions isolées. Ce mélange linguistique reflète la diversité ethnique, géographique et culturelle du pays.

L’arabe : langue officielle et dominante

L’arabe yéménite est la langue maternelle de la majorité des Yéménites. C’est une forme de l’arabe moderne, influencée par les spécificités régionales. L’arabe est utilisé dans l’administration, l’enseignement, les médias et la vie quotidienne. Il est également la langue de la religion, avec le coran rédigé en arabe classique.

Il existe cependant plusieurs dialectes arabes yéménites, qui varient fortement selon les régions :

  • Le dialecte du nord (autour de Sanaa) : considéré comme relativement conservateur, proche de l’arabe classique.
  • Le dialecte du sud (Aden, Hadramout) : influencé par les contacts historiques avec l’Afrique de l’Est et l’Inde.
  • Le dialecte de Tihama (région côtière ouest) : possède un accent distinctif et du vocabulaire localisé.

Les différences entre ces dialectes peuvent être si marquées qu’un locuteur d’une région peut avoir du mal à comprendre un locuteur d’une autre région sans exposition préalable.

Les langues sudarabiques modernes

Outre l’arabe, le Yémen abrite plusieurs langues sudarabiques modernes, vestiges d’un passé linguistique antérieur à l’arabisation complète de la région. Ces langues sont parlées par des groupes ethniques distincts, souvent dans des zones montagneuses ou isolées.

Le mehri

Le mehri est une langue sudarabique parlée principalement dans l’est du Yémen, notamment dans les régions de Mahra et Hadramout. Elle est également présente à Oman. Le mehri n’a pas de forme écrite standardisée et est transmis oralement. On estime qu’il existe environ 100 000 à 200 000 locuteurs.

Langue très ancienne, le mehri est antérieur à l’arrivée de l’arabe dans la région. Il possède une grammaire, une phonétique et un lexique très différents de l’arabe, bien qu’il ait été influencé par celui-ci au fil des siècles.

Le soqotri

Parlée exclusivement sur l’archipel de Socotra, la langue soqotri est l’une des plus fascinantes du Yémen. Isolée sur cette île à la biodiversité unique, cette langue sudarabique est en danger, bien que toujours parlée par la majorité des habitants de l’île.

Le soqotri se distingue par une riche tradition poétique orale. Il n’existe pas de système d’écriture officiel, bien que des tentatives de transcription en alphabet arabe ou latin aient été entreprises par des linguistes.

D’autres langues sudarabiques

Outre le mehri et le soqotri, on trouve également les langues harsusi et bathari, bien que leur présence soit aujourd’hui marginale au Yémen, étant plus répandues dans certaines zones d’Oman.

Langues étrangères au Yémen

En plus des langues autochtones, plusieurs langues étrangères sont présentes au Yémen, principalement pour des raisons éducatives, diplomatiques ou religieuses :

  • L’anglais : enseigné dans les écoles et universités, surtout dans le sud du pays où l’influence britannique a été marquante (notamment à Aden).
  • Le français : présent dans certains établissements d’enseignement supérieur, mais reste marginal par rapport à l’anglais.
  • L’ourdou et d’autres langues sud-asiatiques : parlées par des minorités immigrées originaires du Pakistan, du Bangladesh ou de l’Inde.

Dans les grandes villes et les zones touristiques (avant le conflit), la maîtrise de l’anglais représentait un atout pour les professionnels du commerce et du tourisme.

La situation linguistique dans le contexte du conflit

La guerre civile au Yémen a eu un impact important sur la vitalité linguistique du pays. Les écoles ont été détruites ou fermées, limitant l’accès à l’éducation en arabe et en langues étrangères. Les groupes armés ont parfois imposé des formes locales d’enseignement ou des discours idéologiques à travers leur propre usage linguistique.

Les langues minoritaires, comme le mehri ou le soqotri, sont particulièrement menacées dans ce contexte. L’absence de reconnaissance officielle et le manque de politiques linguistiques favorables à la préservation de ces langues les rend vulnérables à l’extinction.

Préservation et enjeux culturels

La diversité linguistique du Yémen est un atout culturel majeur. Les langues comme le mehri ou le soqotri sont des témoins vivants d’un passé préislamique, et leur disparition représenterait une perte irréversible de patrimoine humain.

Des initiatives de préservation existent, souvent portées par des chercheurs ou des organisations internationales. Elles visent à documenter les langues, créer des dictionnaires, enregistrer des traditions orales et sensibiliser les populations à la valeur de leur patrimoine linguistique.

Il est essentiel que les futures politiques éducatives yéménites intègrent cette diversité, en promouvant à la fois l’apprentissage de l’arabe moderne et la préservation des langues locales.

Conclusion

Le paysage linguistique du Yémen reflète l’extraordinaire richesse culturelle de ce pays de la péninsule arabique. Si l’arabe reste la langue dominante et officielle, des langues ancestrales comme le mehri ou le soqotri continuent de faire vivre une mémoire unique et précieuse. Préserver cette diversité linguistique, dans un contexte marqué par les conflits et les défis socio-économiques, représente un enjeu majeur pour la culture et l’identité yéménite.